Le Grand Goéland
Du bout de la jetée, un pas, ...et puis plus rien...
Alors j'ouvre mes ailes et l'air me soutient
Comme le grand goéland en suspens à sa place
Sur la rose des vents, seul le ciel me dépasse.
Un espace infini, c'est un honneur insigne
Un signe du destin, à moi d'en être digne.
C'est là que tout se joue, se révèle, je lévite,
Bien loin des vents tournants, du tourment, je l'évite.
Il n'est plus d'autres souffles que ces vents ascendants,
Il n'est plus aucun son, qu'un silence envoûtant.
C'est l'aube d'un nouveau jour, d'un futur qui m'invente,
D'un éternel instant, il est mien, je m'en vante.
Le temps s'est arrêté, figé en cette seconde.
J'ai le feu, j'ai la foi, j'ai la folie féconde,
Mes pensées se bousculent, à m'en rompre le cœur,
Confuses, mes idées fusent, bouillonnantes vapeurs.
Mais tout est intérieur, le reste est immobile,
De là haut je contemple, suspendu à un fil.
Moment sans précédent, de mémoire, que je sache,
Je suis libre à présent, et je n'ai plus d'attaches
Plus d'entraves à ma paix, en mon creux, en mon sein,
Plus d'esclave à mater, je suis libre, je suis bien.
L'Amour est résident, résonne, fait écho, vibre,
L'Amour est résistant, comble chacune de mes fibres,
Et s'il n'est d'autres choix que d'aimer ou d'haïr,
j'aime, je chavire, j'embrasse
La vie comme elle vient, je respire
Sans peine, je respire, sans haine, elle s'efface
Ne pas chercher ailleurs, remonter des abîmes,
Abuser du bonheur, bien aux delà des cimes.
Dame Catalane
A la fumée déesse
Qui se dissout, ondule
Par vague, par les airs
Inconstante, incrédule
Vaporeuse, éphémère
Elle se dessine un corps
Capricieuse et trop fière
Elle souffre comme elle se tord
Dame catalane
Prends moi encore...
Comme sa vie se consume
Elle me trahit elle m'aime
Je l'éteins elle s'allume
Nos destins sont les mêmes
Elle m'apose un diadème
Que mon sourire écume
Elle étire l'archipel
De mes rêves qu'elle embrume
Dame catalane
Prends moi encore...
La tige originelle
Prêtresse de la mort
Voit sa fille s'échapper
Du démon qui la mord
Elle danse comme elle est belle
Elle a posé sa trace
Aux tréfonds de abysses
Ses cheveux s'entrelacent
Dame catalane
Prends moi encore...
Mais bientôt l'ivresse passe
Je retourne à mon triste sort
Doucement mes poumons s'encrassent
Son empreinte en mon fort
A l'intérieur quelque chose casse
Quand sert la gorge plus fort
La couleur alors s'efface
Et l'envie s'endort
Dame catalane
Prends moi encore...
Quand sert la gorge plus fort, plus fort, plus fort...
Etreinte automnale
sur la musique Gymnopedie 1 d'Eric Satie
Nos 2 corps sont blottis sur ce grand canapé.
Nous observons la pluie derrière la baie vitrée.
Et mes 2 bras t'enserrent, comme nos 2 âmes s'enlacent.
Instant d'éternité, moment dont on n'se lasse.
La peau sous nos étoffes s'enivre de chaleur.
La lumière disparaît. Subsistent quelques lueurs.
Bientôt l'obscurité nous enveloppera,
Tout comme ce grand plaid, tout comme notre aura.
Mon visage posé dans le creux de ton cou
Respire ta chevelure, ton parfum chaud et doux.
Ma main abandonnée sur le galbe de ton sein
Se mêle à la tienne, avec force, nos doigts joints.
Le sommeil pourrait bien sans doute nous gagner
Par tant de plénitude, tant de sérénité.
Mais tant d'intensité vibre au fond de nos chairs.
Sentiment de fusion. Notre étreinte se resserre.
----
Nos esprits vagabondent parmi nos souvenirs.
Nous arpentons le temps, traçons notre avenir.
D'un geste nonchalant, ton visage me fait face,
Nos regards se pénètrent. Au cœur l'amour s'amasse.
Je t'approche de ma bouche d'une paume bienveillante
Et dépose sur tes lèvres mon âme pour toi brûlante.
Rien n'est plus évident, pour nous 2, que s'unir,
Tout est si évident, on s'aime comme on respire.
Je remonte le plaid, revêt ta nudité
Et t'écoute en silence, lentement respirer
Les images où nos corps étreints s'abandonnaient
Persistent dans la pénombre, furtives, passionnées
Et s'il restait un doute, une ombre, que sais-je, un trouble,
Une perspective atroce que nos cœurs se dédoublent
J'irai jusqu'aux enfers, sauver notre trésor
Ressusiter l'instant où ton corps las s'endort.
Lune
La nuit te fait velour.
Il n'est rien que je cède
À la beauté du jour
Mais ta pâleur m'obsède
Impériale, de là ha
Tu te fais tour d'Ivoir
Inaccessible, d'un mot..
D'hermine et de moire
Du néant, d'une brum
Nonchalante, tu t’apprêtes
Tu revêts ton costume
Un Rien t'habille en fait..
Démoniaque ou pudiqu
tu masques, ou bien dégages
certainement ... lunatiqu
Ta lueur, ton visage
En toute dignité
Presque condescendante
Tu toises ta soeur, Gê
Et les hommes qu'elle enfant
Elle, chaude et tourmentée
Épuisée par ces teignes
Leur a tout sacrifié
Pendant que toi tu règnes
Tu te joues de ta sœur
Faisant d'elle ta poupée
Les Marées et nos peurs
Par tes forces attirées
Nous pensons te connaître
Tes lois tant observées
Te posséder, peut être
Nous t'avons même foulée
Mais restons bien lucide
Il n'est rien que tu cèdes
Aux hommes, aux heures, au vide
Et les nuits se succèdent...